Meta appuie sur la pédale et fait pleuvoir les milliards.
Entre les bonus de signature atteignant 100 millions de dollars, les soupçons de triche de leur dernier modèle et la récente acquisition de 49% de ScaleAI pour $14.3 Milliards, Meta sort le chèque et se lance dans une stratégie désespérée pour rattraper son retard dans la course à l’IA.
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Ces investissements de la part de Mark Zuckerberg, patron de Meta (anciennement Facebook), ne devraient pas étonner. La troisième fortune mondiale de 41 ans est un visionnaire, pour le meilleur comme pour le pire. Il suffit, pour s’en convaincre, d’évoquer son fameux « métavers ».
Après l’échec du Métavers, l’IA comme nouvelle obsession
Certains se souviendront des campagnes agressives qu’avaient faites le géant tech avec des vidéos bizarres imaginant le futur à travers des casques et des avatars humanoïdes très étranges. Résultat, entre 2019 et 2024, Reality labs, la division de Meta consacrée à la réalité augmentée et au métavers, qui a fait naître les casques virtuels Quest et les lunettes Ray-Ban connectées, a enregistré des pertes cumulées atteignant près de 70 milliards de dollars.
Depuis le début de l’année 2025, ces pertes se chiffrent à 4,2 milliards. Plus de 100 employés ont été licenciés et le changement de priorité se manifeste. Si ces investissements, selon lui, n’ont pas encore eut le temps de mûrir, la course à la domination de l’IA ne se laisse pas attendre.
L’échec de Llama 4
Meta, comme tous les géants de la tech américaine, comprend les enjeux actuels et veut devenir un acteur majeur de la révolution IA qui s’opère. Le lancement de llama 4, en avril 2025 devait marquer son retour en force dans la course. Composée de trois modèles de tailles différentes, cette nouvelle génération promettait de surpasser les leaders du marché. Si un de leurs modèles s’est retrouvé temporairement à la deuxième place des classements du site LMArena, auprès des modèles de ChatGPT et Gemini, ce ne fut que poudre de perlimpinpin.
En effet, des chercheurs ont découvert que la version du modèle fourni au site de classement et celui fourni au public étaient différents. La variante de LMArena produisant des réponses plus longues et était optimisée pour satisfaire. Même si Meta a nié les accusations de tricherie, la plateforme de classement a officiellement reconnu que l’entreprise n’avait pas respecté ses politiques. Le modèle est aujourd’hui placé à la 24ème du classement texte et derrière sa version précédente, llama 3, dans certaines catégories.
Cela n’a pas fait baisser les bras de M. Zuckerberg. Au contraire, Meta veut rester un acteur clé du développement des modèles d’intelligence artificielle. Conscient des implications qu’un tel retard peut engendrer, ce dernier met les bouchées doubles pour rattraper l’écart.
La conquête par les billets verts
65 – c’est le nombre de milliards de dollars que compte investir Meta dans l’IA en 2025. Le rachat en juin de 49% de ScaleAI à 14.3 milliards, deuxième transaction la plus importante de l’histoire de Meta après WhatsApp, montre la détermination du géant.
L’acquisition apporte son fondateur prodige, Alexandr Wang, comme co-directeur de la nouvelle division « Superintelligence Labs ». Mais les tentatives de rachat n’ont pas toujours été fructueuses. En effet, M. Zuck aurait aussi essayé de racheter l’entreprise de Ilya Sutskever ; Safe Superintelligence (SSI) pour 32 Milliards de dollars. La start-up qui a vient de souffler sa première bougie, était déjà évaluée à 5 Milliards en septembre 2024.

Alexandr Wang [Photo: Gonzalo Fuentes/Reuters], CEO de ScaleAI: entreprise de traitement de données pour les LLMs avec comme clients OpenAI et Google entre autres. Evaluée à $29 Milliards, son rachat a fait de son CEO le plus jeune self-made milliardaire à l’âge de 28 ans.
Ilya Sutskever [Photo: Avigail Uzi], CEO de Safe Superintelligence (SSI): Start-up fondée en juin 2024 par l’ancien scientifique en chef d’OpenAI. Sa valeur se fonde sur une seule promesse : développer une « superintelligence sûre ». Elle est le symptôme de la frénésie liée au développement de l’IA.
La stratégie de Meta est claire, rattraper son retard en sortant les billets verts. L’enjeu du géant tech ne semble plus se limiter à créer de meilleurs modèles et les implémenter dans sa gamme de produits, mais à réaliser une SuperIntelligence : une IA capable de s’auto-améliorer et de dépasser les capacités des meilleurs experts humains. Que cela se fasse en rachetant des Start-up ou bien en recrutant chez les compétiteurs.
A la conquête de la matière grise
Après l’échec de l’acquisition, Meta s’est repositionné dans une débauche à grande échelle. Que ce soit le cofondateur de SSI, Daniel Gross, ou du côté d’OpenAI, Zuckerberg attrape les gros poissons avec ses gros appâts. Selon Sam Altman, le patron d’OpenAI, le géant bleu aurait fait des offres de rémunération à $100 millions dans le but de débaucher des membres clés d’entreprises concurrentes. Zuckerberg veut créer sa « dream team » de l’IA en recrutant plutôt qu’en développant ses talents internes.
Mais cette stratégie soulève des sourcils et pose des questions. Est-ce que Meta va se relever ou se ramasser à l’image du métavers ?
Cette guerre des talents inscrit un précédent et révèle la valeur de la matière grise dans le domaine de l’intelligence artificielle. La stratégie de Meta, très agressive, révèle l’engouement des Big Tech de la Silicon Valley. En 2025 Amazon, Microsoft, Google et Meta ont alloué à eux seuls, $320 Milliards dans le développement de ce secteur. A titre de comparaison, le PIB de la Finlande en 2023 était de $295 Milliards.